Quoi de mieux qu’une nuit d’hiver pour s’abandonner aux joies d’un concert improvisé, acoustique et mystique ? C’était une jam session. Mais pour dire vrai, la joie n’est pas le terme adéquat. Dans un immense appartement de Montmartre à Paris, trois âmes visiblement sensibles, sans attaches particulières, se sont réunis devant une quarantaine de personnes curieuses de découvrir de drôles de jongleries. Celles du joueur de hang Soufi, Modou Gaye (venu tout droit du Sénégal), d’un contrebassiste du nom de Gonzague Octaville et d’un joueur de ney, Seb El Zin, habité par la culture turque et islamique. Ces jongleries n’avaient rien de divertissantes. Il s’agissait plutôt d’une invitation à l’écoute des fluctuations du cœur du mélomane sur lesquelles ruisselaient un son particulièrement mystique, profond, au point d’en rendre plus d’un paralysé d’extase ou d’effroi. Car oui, de par sa délicate beauté, cette musique a quelque chose d’effroyable dans le sens où elle met le spectateur à nu. Inutile de cacher ses sentiments. Vous fermez les yeux, soupirez d’ennui ou d’un trop plein de frissons… Le résultat est le même : le trio ne vous voit pas, trop habité par la rumeur des instruments, mais la musique vous déshabille.








Modou Gaye joue du hang, un instrument créé à Berne, en Suisse, sorte de sphère métallique doté d’une seule gamme. (« Hang » signifie d’ailleurs « main » en bernois).
Le ney est une flûte en roseau qui nous vient d’Asie Centrale. Oblique et formé d’une simple embouchure, son murmure porte la sagesse spirituelle des derviches soufis.