Daniel Freedman
Imagine That
1 CD Anzic Records/Naïve
À chaque nouveau disque du batteur Daniel Freedman, parler de voyage est un euphémisme. Son troisième opus ne déroge pas à la règle.
Entre inspirations africaines (béninoises plus précisément), latines et indiennes, le new-yorkais Daniel Freedman ne se refuse rien. Il faut dire que “Bamako By Bus” (Anzic Records, 2012) était déjà un disque désarçonnant de par ses pérégrinations mélodiques. Ici, la juxtaposition permanente entre les percussions du Brésilien Gilmar Gomes et la batterie du leader est un stratagème qui entraîne l’ensemble des compositions hors des sentiers battus. De surcroît, sur ce disque, la rythmique se retrouve appuyée par la guitare de Lionel Loueke qui jouait déjà sur son précédent album. Aussi, les textures harmoniques sont plus entêtantes et plus lumineuses. Le propos s’en trouve encore plus limpide. Preuve en est avec Determined Soul et Big In Yemen où la guitare de Loueke fait parfois place au oud d’Omer Avital, mais aussi The Sisters Dance, véritable épiphanie rythmique et hommage à la musique gnawa. La reprise du titre de Radiohead, Codex, le morceau Mindaho (composé par Loueke qui en est le chanteur) ou encore Love Takes Time sont des mélopées aux teintes rock et blues qui diversifient les possibles de l’album. Pour Baby Aya, que le batteur a écrit comme une sorte de comptine à sa petite fille, le batteur fait appel à l’une de ses comparses scéniques, la chanteuse béninoise Angélique Kidjo. On finira par notre composition favorite, Eastern Elegy, inspirée à Freedman par la guerre en Syrie, même si, à l’écoute du solo d’Omer Avital, on s’imagine dans des contrées bien plus apaisées. • Katia Touré
Lionel Loueke (g, voc), Jason Lindner (p, elp), Omer Avital (b, oud), Daniel Freedman (dm), Gilmar Gomes (perc). Brooklyn, Studio G, 6 juin 2013.
Chronique parue dans Jazz Magazine n° 683 – Mai 2016.